- Satires (1666-1668) -Épîtres (1669-1695)
-Art poétique (1674)
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Né à Paris
le 1er novembre 1636, Nicolas
Boileau était le quinzième enfant d'une famille bourgeoise. Orphelin de mère,
il fut élevé par son père, qui occupait la fonction de greffier au parlement!; lui-même étudia la
théologie, puis le droit, et devint avocat en 1656. Issu d'une longue lignée de
juristes, le jeune Boileau-Despréaux (ce nom lui vient d'une terre qui
appartenait à sa famille) ne se sentait pourtant aucun goût pour la carrière
juridique. Dès 1657, la mort de son père lui permit, grâce au revenu que lui
procura sa part d'héritage, de se sentir à l'abri du besoin : il décida alors de se
consacrer à la poésie. Dès 1653 en effet, il avait écrit des vers, et grâce à
son frère, Gilles Boileau, il fut introduit dans des cercles mondains et
distingués, où il put faire ses premières armes en littérature.
Il
s'illustra d'abord dans le genre satirique : ses premières Satires
(I à VII), composées de 1657 à 1665, furent publiées en 1666. Il y attaquait
les gens en vue dans la société de son temps - souvent des auteurs,
qu'il considérait comme ses concurrents - et s'attira par sa
verve à la fois le succès et l'inimitié. Le Chapelain décoiffé (1665),
parodie du Cid qu'il composa en collaboration avec son frère Gilles, Racine
et l'auteur Antoine Furetière, s'inscrivait également dans cette veine
d'inspiration satirique, puisqu'il prenait pour cible le poète Chapelain!; ce dernier avait
commis le crime d'être nommé par Colbert responsable du choix des auteurs
pensionnés par le roi. Les livres VIII et IX des Satires
parurent en 1668. Dès 1669, cependant, Boileau évolua, sans doute sous
l'influence des milieux qu'il fréquentait, en particulier le cercle de
Lamoignon, qui était le premier président du parlement de Paris. Renonçant à la
satire, il se mit alors à travailler à la composition d'un Art poétique,
inspiré d'Horace. Cet ouvrage fut publié en 1674, la même année que les Épîtres
(I à IV), que le Lutrin (chants I à IV), poème
héroïcomique parodiant la tragédie et l'épopée, et que le Traité du Sublime,
qui était la traduction d'un ouvrage de rhétorique attribué à Longin.
Ces années
d'intense production littéraire furent couronnées par la reconnaissance
officielle : en 1677, Boileau reçut, avec Racine, la charge
honorifique et très lucrative d'historiographe du roi puis, en 1684, il fut élu
à l'Académie française (voir Institut de France). Entre-temps, il avait publié
les Épîtres VI à IX (1683), et les chants V et VI du Lutrin
(1683). Parvenu au faîte des honneurs, Boileau devint également le chef de file
des Anciens dans la célèbre querelle des Anciens et des Modernes qui l'opposa
au Moderne Charles Perrault, de 1687 à 1694.
Opposé aux thèses de Perrault, qui
prétendait que le siècle de Louis XIV était supérieur à
celui d'Auguste en matière littéraire, Boileau défendit âprement les écrivains
de l'Antiquité, qu'il considérait comme des modèles indépassables.
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Au cours de
cette querelle, il donna tout d'abord deux épigrammes injurieuses en réponse au
poème de Perrault intitulé le Siècle de Louis le Grand (1687). En 1693,
il composa l'Ode pindarique sur la prise de Namur, accompagnée d'un Discours
sur l'Ode, qui développait sa doctrine de l'imitation ainsi que ses
arguments pour affirmer la supériorité des Anciens. À ces textes s'ajoutèrent,
en 1694, les Réflexions sur Longin et la dixième Satire, «!Contre les femmes!», où il accusait
celles-ci de soutenir le parti des Modernes. Boileau et Perrault se
réconcilièrent pourtant en 1694, grâce à l'entremise d'Antoine Arnauld.
La dernière Épître,
«!Sur l'amour de Dieu!» (1698), de Boileau,
d'inspiration janséniste, attaquait les jésuites, leur reprochant leur
casuistique, quarante ans après Pascal. Contrairement à une idée répandue,
Boileau ne fut pas à proprement parler le chef de file et le censeur du
classicisme : nettement plus jeune que Corneille, Molière ou
La Fontaine et contemporain de Racine, il publia son Art poétique
un an après la mort de l'auteur du Misanthrope, six ans après la
publication du premier recueil des Fables, et à un moment où Racine
avait déjà écrit la majorité de ses pièces. L'Art poétique ne fut donc
pas, pour les contemporains, un ouvrage normatif, puisqu'il n'a pu influencer
que la création des auteurs du XVIIIe siècle. Cet ouvrage, le
plus célèbre de Boileau, est en revanche une excellente description des
principes mis en pratique par les écrivains classiques.
Le génie de
Boileau réside en effet dans son œuvre de critique et de théoricien. Imitation
de la nature humaine, l'art tend, selon la doctrine classique, à réaliser un
idéal de vérité, qu'il ne peut atteindre que par la voie de la raison et par
l'imitation des Anciens. Justesse, clarté et naturel de l'expression, pureté de
la langue, économie des moyens sont les principales valeurs esthétiques du
classicisme, qui accorde par ailleurs une part importante au travail dans la
création littéraire («!vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage!», Art Poétique,
chant I), même si Boileau ne nie pas tout ce que la réussite littéraire
doit à l'inspiration.
Nicolas
Boileau mourut le 13 mars 1711, à Paris.
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