Son oeuvre :
- Défense et illustration de la langue française (1549)
- l'Olive (1549)
- Antiquités de Rome (1558)
- Regrets (1558)
- Divers jeux rustiques (1558) | |
Débuts littéraires
Joachim du
Bellay est né près de Liré, en Anjou, sans doute en 1522, au sein d'une famille
de notables provinciaux de grand renom. C'est à Poitiers, où il fut envoyé pour
étudier le droit, qu'il commença à s'intéresser à la poésie!; il se lia d'ailleurs à
cette époque avec des poètes tels que Jean de La Péruse, Jacques Peletier
du Mans, tous deux futurs membres de la Pléiade, mais surtout avec Pierre de
Ronsard, dont il fit la connaissance en 1547, et qui devait devenir son
meilleur ami en même temps que son plus grand rival en matière de poésie et de
renommée.
Avec ce
dernier, en effet, il gagna Paris et fut introduit au collège de Coqueret, où
il rencontra encore Jean Antoine de Baïf. Ce collège du Quartier latin était
alors dominé par la personnalité de son proviseur, Jean Dinemandi, dit Dorat,
fervent admirateur des Anciens, grecs et romains, et qui devait rejoindre plus
tard le groupe de la Pléiade à l'invitation de Ronsard. Du Bellay se trouva
bientôt admis dans un cercle restreint de lettrés dont la principale occupation
était l'étude des auteurs grecs et latins et des poètes italiens. Ce cercle,
baptisé d'abord «!la Brigade!», puis la Pléiade, exposa pour la première fois une véritable
théorie littéraire après la publication de l'Art poétique (1548) de
Thomas Sébillet, qui préconisait l'usage aussi bien des formes médiévales
françaises que des formes antiques.
En réponse à
Sébillet, avec lequel en réalité le désaccord était mince, du Bellay rédigea
une sorte d'art poétique intitulé Défense et Illustration de la langue
française (1549), généralement considéré comme le manifeste de la Pléiade.
Le poète y préconise, contre les défenseurs du latin, l'usage de la langue
française en poésie. Il appelle en outre de ses vœux l'enrichissement du
vocabulaire par la création de termes nouveaux (abréviations de termes
existants, création de mots composés, réactivation du sens des racines
anciennes, etc.). Les emprunts à d'autres langues, régionales ou étrangères
(grecque et latine notamment), sont également conseillés, à condition que les
mots choisis soient adaptés en français. Du Bellay recommande aussi
d'abandonner les formes poétiques médiévales employées jusqu'à Clément Marot et
préconise l'imitation des genres en usage dans l'Antiquité, tels que l'élégie,
le sonnet, l'épopée ou l'ode lyrique, mais aussi la comédie et la tragédie.
L'art du
poète, tel que le définit du Bellay, consiste donc à se consacrer à l'imitation
des Anciens, tout en respectant certaines règles de versification
spécifiquement françaises!; son but ne doit pas être de distraire seulement, mais de
célébrer des valeurs éternelles et de chanter les louanges des grands hommes,
qui se trouvent ainsi voués à l'immortalité grâce à la beauté de ses vers.
L'importance
de ce texte fondateur dépasse les limites du XVIe siècle puisque son influence
reste sensible dans la poésie contemporaine malgré les révolutions littéraires
successives.
L'Olive et la veine pétrarquiste
Du Bellay
mit en application ses théories dans l'ensemble de son œuvre poétique. Il
publia en 1549 un recueil de sonnets amoureux, l'Olive, dont
l'inspiratrice reste à ce jour mystérieuse. Dans sa première édition, l'ouvrage
regroupait cinquante poèmes, mais il fut considérablement étoffé en 1550 sous
le titre l'Olive augmentée (cent quinze sonnets). Le succès du sonnet en
France doit sans doute beaucoup à cet ouvrage élégant et raffiné, qui mêle
sonnets originaux et sonnets imités des canzoniere de Pétrarque.
Dans la même
veine et à la même époque, du Bellay écrivit également des Vers lyriques
(1549) à l'imitation d'Horace.
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Les Regrets et les Antiquités de Rome
De 1553 à
1557, du Bellay vécut à Rome, pour y remplir la fonction de secrétaire auprès
de son oncle le cardinal Jean du Bellay. Ce séjour au pays d'Horace et de
Pétrarque le séduisit d'abord, puis le déprima profondément. D'une santé
fragile, isolé par la surdité dont il était atteint, et surtout nostalgique de
son Anjou natal, il ne put apprécier la beauté de Rome sans amertume : le spectacle des
ruines le plongea dans une sombre méditation sur le déclin de toute chose, qui
lui inspira le recueil les Antiquités de Rome, publié à son retour en
France, en 1558, sous le titre complet de : le Premier Livre
des Antiquités de Rome, contenant une description générale de sa grandeur
et comme une déploration de sa ruine.
Ce recueil
de 32 sonnets, d'une tonalité grave et presque solennelle, reprend un
motif traditionnel de la poésie consacrée à Rome, puisqu'il chante la gloire
passée de la Rome antique, contrastant violemment, aux yeux du poète, avec la
Rome dans laquelle il évolue, celle des papes, où il ne voit que luxure,
bassesse et compromission. Du Bellay sut pourtant renouveler ce thème, en
élargissant l'objet de sa déploration à la disparition fatale de toute chose
créée, ce qui donne lieu à une méditation sincère et émouvante sur le temps
destructeur et sur la vanité de l'existence.
À Rome, il
composa aussi ses célèbres Regrets, qu'il publia en France la même année
que les Antiquités!; ce recueil lyrique, qui regroupe 191 sonnets, présente un
tableau émouvant des états d'âme du poète, en particulier sa nostalgie profonde
de la France et de la campagne angevine.
Comparés aux
Antiquités de Rome, les Regrets sont, aux yeux de leur auteur, un
projet poétique plus modeste, car plus intime : ce n'est plus Rome qui
occupe ici le devant de la scène, mais sa mélancolie et ses «!regrets!», saisis au jour le
jour. Composés dans une langue simple qui délaisse les artifices de la rhétorique
et le style élevé, les sonnets du poète exilé représentent aujourd'hui encore
la part la plus lue et la plus appréciée de l'œuvre de du Bellay.
Derniers textes
Du Bellay
publia aussi, à son retour en France, d'autres recueils d'une tonalité plus
légère, tels ses Poemata en latin (1558), les Divers Jeux rustiques
(1558), ou le satirique Poète courtisan (1559), tout en se consacrant à
des travaux de traduction ou d'imitation des Antiques, qui font de lui l'un des
plus éminents spécialistes de son temps en la matière.
Épuisé par
la maladie, du Bellay mourut à Paris le 1er janvier 1560 à l'âge de
trente-sept ans.
Resté de son
vivant dans l'ombre de son ami Ronsard, du Bellay se distingue nettement de lui
par son inspiration plus sincère, intime et pessimiste.
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