Son oeuvre :
- L'Azur (1864)
- Brise marine (1865)
- Hérodiade (1871)
- l'Après-Midi d'un faune (1876), précédé de Igitur ou la Folie d'Elbehnon
- Vers et prose (1893)
- Divagations (1897)
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Fils d’un
chancelier du consulat de France de Montevideo, Lautréamont, de son vrai nom
Isidore Ducasse, commença ses études chez les jésuites, avant d’être envoyé en
France pour préparer le concours d’entrée à l’École polytechnique, d’abord au
lycée de Tarbes (1859), puis à celui de Pau (1863). Renonçant au concours pour
des raisons mystérieuses, il vint se fixer définitivement à Paris en 1867.
L’année suivante, il fit paraître à compte d’auteur et sous l’anonymat le
premier des six Chants de Maldoror. Le recueil complet, signé cette fois
du comte de Lautréamont, fut publié en 1869 et passa totalement inaperçu. Le
même accueil fut réservé à ses fragments en prose (Poésies, 1870),
rédigés peu de temps avant sa mort, dont les circonstances exactes ne furent
jamais élucidées. Réédités en 1874 puis en 1890, les Chants de Maldoror
donnèrent prise aux jugements les plus arbitraires (on prétendit notamment que
Ducasse était atteint de folie), avant d’être remarqués par les symbolistes
puis exaltés par les surréalistes. Louant cette littérature de la révolte,
Breton écrivit : «!C’est au comte de Lautréamont qu’incombe
peut-être la plus grande part de l’état de choses poétique actuel : entendez la révolution
surréaliste!.» De son côté, Gracq voyait dans les Chants de Maldoror un
«!torrent d’aveux
corrosifs alimenté par trois siècles de mauvaise conscience littéraire!», estimant que cette
œuvre était venue «!à point nommé pour corriger dans notre littérature un déséquilibre
des plus graves!». De fait, on y trouve, pour la première fois dans la littérature
française, une critique lucide du langage poétique.
Célébré dès le premier
chant, le thème du «!mal!» libère d’étranges forces obscures et salvatrices (celles de
l’inconscient) que les chants!II et IV amplifient de résonances ténébreuses.
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Or,
parallèlement à cette glorification du mal, Lautréamont déploie un art de
l’ironie sans précédent dans l’histoire des lettres, se livrant à un
détournement en règle des traditions du récit populaire français et du roman
noir gothique, apparu en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. Cette révolte
blasphématoire se traduit sur le plan poétique par une sacralisation des
fantasmes (spécialement perceptible dans le bestiaire du chant V). Quant aux Poésies,
elles proposent une nouvelle manière de traiter la forme littéraire,
renouvelant notamment le genre de la maxime, sous l’apparence d’un style
désinvolte. Emporté par le flot quasi «!automatique!» de son débit verbal, Lautréamont s’y révèle un
exceptionnel créateur de métaphores. L’exemple le plus caractéristique de cette
capacité à concevoir de nouvelles images se trouve dans la série des «!Beau comme!…!» des chants V et VI, où l’auteur
supprime un des deux termes de la comparaison, atteignant à la quintessence de
l’effet poétique recherché par les surréalistes. Ici comme dans les Chants
de Maldoror, le lecteur, sollicité par l’apostrophe et l’incantation, est
prié d’accompagner l’écrivain jusqu’aux limites extrêmes de sa création : ainsi peut-il
s’effacer («!La poésie personnelle a fait son temps!») et, à l’instar de son
héros Maldoror, échapper à l’humanité pour servir «!les délires de la
cruauté!».
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