Son oeuvre :
Poésie :
Contes d'Espagne et d'Italie (1830),
La nuit de mai (1835)
La nuit de décembre (1835)
La nuit d'août (1836)
La nuit d'octobre (1837),
Théâtre :
Les caprices de Marianne (comédie, 1833),
On ne badine pas avec l'amour (comédie 1834),
Lorenzaccio (drame 1834).
Roman :
Les confessions d'un enfant du siècle (1836)
et différents contes et nouvelles.
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Un enfant du siècle
Débuts brillants
Né le 11 décembre 1810 à Paris
dans un milieu aisé et cultivé, doué de grandes facilités, le jeune Musset mena
une adolescence dissipée de dandy. Il entreprit des études de droit et de
médecine, qu’il ne termina pas, et fréquenta, dès 1828, le Cénacle romantique
chez Hugo et chez Nodier, où il rencontra notamment Vigny, Mérimée et Sainte-Beuve.
Précoce,
brillant, célébré, il publia son premier recueil de vers, Contes d’Espagne
et d’Italie (1829), à l’âge de dix-neuf ans et remporta un succès immédiat.
Malgré cette gloire précoce, il connut une infortune relative avec ses pièces
de théâtre, telles la Quittance du diable, qui ne put être représentée,
et la Nuit vénitienne (1830), qui fut un échec retentissant. La mort de
son père en 1832 l’amena à se consacrer entièrement à la littérature et à en
faire son métier.
Auteur doué
et sûr de son talent, il fut cependant profondément blessé et échaudé par
l’échec de la Nuit vénitienne!; il décida alors que les pièces qu’il écrirait
seraient désormais destinées non pas à la représentation, mais - fait original et presque
unique dans la littérature française -, exclusivement à la
lecture. Parmi les comédies de mœurs romantiques qu’il publia entre 1932 et
1934, À quoi rêvent les jeunes filles, la Coupe et les Lèvres et Namouna,
furent regroupées sous le titre Un spectacle dans un fauteuil, qui
traduisait son choix d’écrire un théâtre destiné à être lu chez soi et non pas
représenté. Les Caprices de Marianne (1833), Fantasio (1834) et On
ne badine pas avec l’amour (1834) virent le jour sous la forme de livrets.
Passion et chefs-d’œuvre
En 1833,
Musset rencontra celle qui devait être le grand amour de sa vie, la romancière George
Sand, de sept ans son aînée. Tumultueuse, orageuse, leur relation s’interrompit
momentanément en 1834, lorsque George Sand entama une nouvelle liaison avec le
docteur Pagello, qui soignait Musset lors de leur voyage en Italie. En 1835,
après plusieurs ruptures violentes, cette passion prit définitivement fin,
laissant à Musset la douleur d’un échec sentimental cuisant, mais donnant à son
œuvre une profondeur qui lui manquait encore.
À la fin de
l’année 1834, il enrichit son théâtre d’un chef-d’œuvre, le drame historique Lorenzaccio,
puis du Chandelier, l’année suivante. Dramaturge incompris, il avait en
revanche obtenu un immense succès, en 1833, avec son poème romantique Rolla : le cycle des Nuits,
écrit après sa rupture et ancré dans son expérience sentimentale, conforta sa
réputation de grand poète. Cette œuvre allégorique, où le poète dialogue avec
sa Muse, parut de 1835 à 1837 (la Nuit de mai, la Nuit de décembre, la Nuit
d’août, la Nuit d’octobre), et comporte quelques-unes de ses meilleures
pages. Refusant la mission sociale de l’écrivain prônée par le nouvel esprit
romantique, il y privilégiait l’émotion, s’attachant à décrire la variété et la
complexité des sentiments qui accompagnent la passion amoureuse.
Également
composée après la passion, son œuvre narrative principale, la Confession
d’un enfant du siècle (1836), est une autobiographie romancée qui, avec
quelque emphase et quelque complaisance, analyse l’âme tourmentée du poète. On
y trouve surtout l’expression du sentiment de trahison que ressentait la
génération de 1830, celle qui vit ses espoirs anéantis par l’échec du
soulèvement de Juillet et son avenir confisqué par les notables de la monarchie
Louis-philipparde.
Dernières années
Malade et
épuisé précocement, Musset poursuivit ensuite sa carrière d’auteur dramatique
avec de nouvelles pièces, moins réussies que les précédentes, telles que Il
ne faut jurer de rien (1836), Il faut qu’une porte soit ouverte ou
fermée (1845), On ne saurait penser à tort (1849). En 1838, il avait
été nommé conservateur d’une bibliothèque ministérielle, ce qui lui permit de
mener une vie tout à fait décente quoique moins brillante qu’à ses débuts. La
perte de son emploi, en 1848, sans le réduire à la misère, le conduisit à
écrire des œuvres de commande. En 1852, il fut élu à l’Académie française (voir
Institut de France), alors que le public s’était détourné de lui, que son
théâtre commençait timidement à être représenté et qu’il n’écrivait
pratiquement plus. Il mourut à Paris le 2 mai 1857.
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Œuvre de Musset
La fin de la
vie de Musset et son immédiate postérité, le mépris dans lequel l’a tenu la
nouvelle génération littéraire sont révélateurs du malentendu régnant sur son
œuvre. Or, l’image souvent admise d’un poète romantique sentimental, mièvre ou
larmoyant, ne doit pas faire illusion. S’il céda effectivement à une mollesse
naturelle qui lui faisait préférer les plaisirs faciles et les agréments
immédiats, s’il sacrifia dans son œuvre même à une certaine complaisance,
Musset éprouvait aussi une sincère et profonde aspiration vers l’art et la
pureté. Il avait en outre pleinement conscience de ses faiblesses, sans
parvenir toujours à les surmonter. Son théâtre et sa poésie sont nourris des
tourments que lui inspirait ce déchirement entre compromission et pureté,
facilité et travail, et c’est par cela que ses œuvres les plus réussies ont pu
être reconnues par la postérité.
Complexité de l’œuvre
L’originalité
de l’auteur des Caprices de Marianne ou de Lorenzaccio réside
précisément dans l’ironie, désespérée mais mordante, qui équilibre toujours
chez lui l’expression romantique du mal de vivre, ou du désarroi de ses
personnages. Car le désespoir, chez Musset, et le sentiment du tragique,
proviennent surtout d’un sentiment du vide de l’existence, et du vertige devant
la fausseté de la vie, l’impuissance du langage à communiquer, à dire le vrai,
à saisir le monde. Autant que d’un lyrique, son inspiration est celle d’un
moraliste lucide, qui scrute les contradictions, indépassables et
destructrices, de l’être humain. Il analyse avec pessimisme, à partir de sa
propre expérience, les difficultés de la sincérité, de l’amour, de l’honneur et
de l’engagement politique.
Un chef-d’œuvre, Lorenzaccio
Longtemps
méconnu, son drame en cinq actes et en prose Lorenzaccio (qui ne fut
représenté qu’en 1896) est un des chefs-d’œuvre du théâtre romantique, tant par
la complexité de sa structure que par le caractère exceptionnel du personnage
principal.
Inspirée de
l’histoire de Florence au temps des Médicis - et probablement de chroniques
florentines authentiques -, l’intrigue met en scène le personnage de
Lorenzo, jeune cousin du duc régnant, Alexandre de Médicis. Personnage de
bouffon et de lâche, Lorenzaccio médite en secret l’assassinat d’Alexandre, qui
doit libérer sa patrie et porter au pouvoir les républicains. Pour ce faire, il
renonce à son honneur et à sa réputation : il s’insinue dans les
bonnes grâces du tyran et se met au service de ses caprices. Mais le geste de
Lorenzaccio, dérisoire, n’aura pas d’autre effet que de faire basculer le
pouvoir aux mains d’un autre clan, et n’entraîne aucun changement politique
radical. Honni, calomnié, le jeune homme voit sa tête mise à prix et s’offre
lui-même au couteau de ses assassins. Il se trouve du même coup renvoyé aux oubliettes
de l’histoire et à la vanité désespérante de l’action politique.
On le voit,
cette réflexion amère et cruelle sur la vanité de toute action humaine est une
transposition limpide des sentiments de l’auteur sur la révolution ratée de Juillet 1830. Figure
emblématique de l’imaginaire mussetien, Lorenzaccio, prisonnier du masque de
vice par lequel il comptait s’élever à la vertu d’un acte héroïque, est sans
doute une des figures les plus marquantes du théâtre français.
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