Son oeuvre :
- Le Lais (1456)
- Le Testament (1461)
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Poète «!malfaiteur!»
Issu d’une
famille pauvre, François de Montcorbier, ou François des Loges, orphelin de
père très jeune, fut élevé par le chanoine de Saint-Benoît-le-Bestourné, maître
Guillaume de Villon, son «!plus que père!», dont il prit le nom pour lui rendre hommage.
Après avoir été reçu bachelier en 1449, il devint licencié puis maître ès arts à Paris en 1452. À
part ces quelques faits sur sa jeunesse, la vie de François Villon est remplie
de zones d’ombre, et les seuls indices biographiques certains dont nous
disposions sur sa vie adulte sont d’origine judiciaire, ce qui renforce l’image
légendaire de poète «!malfaiteur!» qui est la sienne depuis la fin du Moyen Âge.
Notons que
cette image est aussi une tradition littéraire, dont Rutebeuf est l’un des
autres exemples. La première affaire judiciaire grave dont nous ayons trace eut
lieu le 5 juin 1455 : au cours d’une rixe,
Villon tua Philippe Sermoise, un prêtre qui l’aurait provoqué!; blessé lui-même, il se
fit panser sous le nom de Michel Mouton et dut quitter Paris, où il ne revint
qu’en 1456, après avoir obtenu des lettres de rémission sous son vrai nom. On
sait aussi que, durant la nuit de Noël 1456, il commit un vol avec effraction
au collège de Navarre, ce qui l’obligea à quitter de nouveau Paris avec le
fruit de son larcin.
Il prétendit
avoir écrit, au moment du vol, un poème célèbre, le Lais, également
connu sous le nom de Petit Testament, pour s’en excuser et expliquer sa
fuite par une raison sentimentale. Dans cette œuvre, en effet, Villon annonce
son départ pour Angers afin, dit-il, de se consoler d’une déception amoureuse - mais ce n’est là qu’un
prétexte à une satire de l’amour courtois. Prenant congé de ses amis et de ses
connaissances, le poète fait dans ce poème une série de legs parodiques!; tout au long de cette
«!donation!», il joue sur les mots
«!lais!» et «!legs!», et use abondamment de
double sens.
À la cour de Charles d’Orléans
Durant les
années suivantes, Villon mena une vie d’errance, dont on sait peu de chose!; il séjourna,
semble-t-il, à Angers chez un parent, puis à la cour de Jean II de Bourbon, établie à
Moulins, puis à la cour de Charles d’Orléans, à Blois, l’une des plus raffinées
du temps.
Le séjour de
Villon auprès du duc, qui marque un moment de paix dans cette existence
incertaine, est attesté par la présence de trois de ses pièces dans le
manuscrit autographe de Charles d’Orléans!; parmi ces pièces se trouvent notamment la Ballade
des contradictions qui débute par le vers «!Je meurs de soif auprès
d’une fontaine!», et qui traite de façon originale d’un thème rhétorique usé qui
avait été donné par le duc d’Orléans comme sujet d’un concours de poésie.
À cette même
époque, Villon entretint des rapports avec la bande des Coquillards, une
société criminelle plus ou moins secrète : nous ignorons s’il en
faisait vraiment partie, mais il est certain qu’il connaissait le jargon de la
Coquille, puisque nous possédons entre six et onze Ballades en jargon
(le chiffre varie en raison des problèmes d’attribution), dont la compréhension
reste difficile et la signification ambiguë. Voir Ballades (littérature).
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Le Testament
Au cours de
l’été 1461, Villon fut incarcéré à Meung-sur-Loire pour des raisons inconnues,
à l’initiative de l’Évêque d’Orléans!; cette captivité le marqua profondément. Libéré
le 2 octobre grâce à l’arrivée de Louis XI dans la ville, il
rentra à Paris, où il composa le Testament (v. 1462).
C’est vers
1462 que François Villon composa son œuvre principale, le Testament. La
première partie de ce texte est une méditation consacrée essentiellement à la
perte de la jeunesse, aux méfaits de l’amour mais surtout à la mort (cette
partie contient la célèbre ballade désignée par Clément Marot en 1532 sous le
titre de Ballade des dames du temps jadis). La seconde partie reprend,
en l’approfondissant, la fiction testamentaire déjà abordée dans le Lais : Villon va jusqu’à
choisir les exécuteurs, son sépulcre et le service religieux.
La Ballade des pendus
Impliqué
dans une rixe au cours de laquelle François Ferrebouc, notaire pontifical, fut
blessé, Villon fut arrêté, torturé et condamné à la pendaison, et fit appel de
la sentence. C’est sans doute pendant ces jours pénibles qu’il écrivit la
Ballade des pendus, intitulée aussi l’Épitaphe Villon, où se
manifeste notamment son obsession des corps pourrissants. Le 5 janvier 1463, le
parlement de Paris commua la peine en dix ans de bannissement. Ce sont là les
dernières traces des faits et gestes de François Villon que nous possédions.
Importance et postérité de l’œuvre
S’il
n’innova guère dans son usage des formes poétiques, Villon porta la ballade à
sa perfection. Son œuvre est dominée par l’ambiguïté et par l’importance
considérable accordée à la personne du poète, ce qui est rare au Moyen Âge, où
le sujet poétique n’est souvent qu’une forme vide et où la poésie est
considérée davantage comme un jeu rhétorique que comme le lieu de l’expression
d’une individualité.
Si Villon
ridiculise souvent la tradition de l’amour courtois, il s’y inscrit pourtant
parfois avec certains de ses poèmes, comme l’atteste sa Ballade à amie.
La poésie de
Villon est surtout marquée par une hantise profonde de la mort. Ce thème
obsédant, que ne dissimule pas un usage fréquent de l’ironie, traverse toute
son œuvre, où domine l’évocation des souffrances physiques et morales dans un
monde désenchanté et sombre. En outre, lorsque Villon décrit la vie
quotidienne, c’est souvent sur un ton réaliste ou pathétique.
La
postérité de Villon est immense et ne se dément pas depuis le XVIe siècle, où Clément Marot
donna la première édition commentée de ses œuvres (1532)!; sa gloire doit aussi
beaucoup à la fascination qu’il exerça sur les poètes du XIXe siècle, notamment les romantiques
comme Théophile Gautier, qui inaugura avec une étude sur Villon sa série des «!grotesques!», ces textes critiques
qu’il consacrait essentiellement aux «!petits!» auteurs du XVIe et du XVIIe siècle.
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