Poésies d'Ailen
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Le Vieillard
Il est venu
Puis
De son enfance jusqu'ici
Il a marché
Longtemps
De pas d'abord petits
Maladroits hésitants
D'une jambe longue
En ignorant les pierres
Il a franchi
La vie
Le vent
La pluie
La soif Un jour
son pas tremblait d'un bruit de souvenirs
Les saisons s'empilaient sur le chemin qui monte
Et son coeur s'essoufflait Il s'assit un moment Quand il s'est relevé
Son regard s'est troublé
Les pourquoi
surgissaient du creux de sa pensée Il est venu
De son enfance jusqu'ici
Nous demander réponse
Le vieillard fatigué Son âme est nue
Comme l'enfant qui naît
Promenade aux sommetsLe temps s'offre, étalé sur les cimes
* Exclamation!
Je traverse la vie, et le vent me traverse
J'habite le silence.
Le soleil jaillit
Devient étoile
Devient Dieu tout à coup De sa pointe Nord, il saisit l'infini
Le plante au Sud
L'unit à l'immaculé de la neige
Aimants,
ses bras d'Est et d'Ouest illuminent le monde * Je laisse mes pas s'enfoncer.
Mon corps ne fait plus un geste,
fasciné par cette éternité * Un aigle attardé trace un idéogramme furtif
Que traduit-il ? * La montagne s'éteint peu à peu
Rose comme une jeune fille timide
aussi émue que moi
L'ombre l'entraîne vers le bleu
L'absence d'une nuit s'installe * Le coeur de l'âtre m'attend
Mon corps accueille sa chaleur
Un éclat de mon âme reste dehors
Au delà...
Oublie la réalité qui crépite sous mes yeux
Amoureux de la TerreIl n'a pas voulu de cercueil
Il voulait voir l'envers du monde
Rejeta la pierre tombale
les racines
qui portent les fleurs les insectes qui vagabondent et le travail de la fourmi Il respire la vie du monde
Il est heureux
Il me l'a dit
Berceau d'espéranceL'enfant seul entend sa vie qui s'imprime
Les mots de son passé
dans un sourire
fragiles
tracent son désir neuf Le bleu de son ciel s'étonne
apprivoise l'ombre
saisit un pétale d'amour
le contemple
l'apprend un peu
sursaute à l'appel de son nom Range soigneusement le tout
dans un oubli provisoire
L'Oiseau beigeQuand échappée de mon sommeil
J'ai entrouvert mes yeux brûlantsUn oiseau était dans ma chambre
Dans la solitude du vent
Blanc
Juste teinté d'un peu de beige
Neige
Juste teintée d'un peu de sableMa pupille caressait ses plumes
Y déposait un peu de brumeMon rêve parlait liberté
Plaignait ces ailes enferméesEt l'oiseau se tenait si loin
Craignait la chaleur de ma mainCraintif , il restait immobile
J'ai regardé vers la fenêtre
J'ai vu les rideaux la voilerEt d'un pas très lent j'ai marché
J'ai soulevé la mousseline
J'ai ouvert la vitre tout grandInvité l'oiseau à partir
Dans le fleuve embaumé du ventNous étions tous deux immobiles
Peu à peu mon coeur se serraitEt j'ai pleuré
Le SoupirailRegard levé vers le soupirail
Regard tendu d'angoisse
Il guettait le souffle du vent
et seules les semelles
qui martelaient la terre
envoyaient une poussière d'oxygène
en écrasant les cailloux blancs de ses espoirsRegard levé vers le soupirail
Regard tendu d'angoisse
Il essayait de penser à autre chose
à autre chose qu'à ce reflet de brise tiède
à autre chose qu'à ce souvenir d'atmosphèresouvenir de présence
Et
quand il pensait
son souffles'amenuisait encore
Regard levé vers le soupirail
Regard vacillant
Il voyait les scintillements de son illusion
s'embrumer pâlir et leur lueur plâtrée
devenait humide glacée
dans le sanglot d'une seule larmeDernière larme
Regard levé vers le soupirail
Regard trempé d'angoisse
qui creusait son coeur comme une pierre tiède
jusqu'au vertige d'un lac de chagrin
qu'il eût voulu artificiel
qu'il eût voulu...
Sourire de politesse vague.
La BarrièreLe vent de l'orage a tout balayé
Emmenant au loin orties, boues, chagrins
Il hurlait de rage.
Pour tromper ma peur j'ai pensé à vous
Et
Je savais bien qu'à l'aube nouvelle
J'aurais retrouvé les piquets couchés
Signe d'abandon, lumière sereine
J'ai pris votre main
et j'ai enjambé les bois alanguis
Nous avons marché vers le soleil neuf
Le ciel bleu rieur
Nous avons couru dansé
essoufflés sommes allongés
et le sable humide a lavé nos peines
Notre coeur est libre
Libre notre vie.
Soupir fané
Dans un grenier,
Enfouie sous des tableaux jaunis,
Une boite écrasée émet un son étrange
Brise
porte qui grince
bruits étouffés
L'écho s'essouffle
Non loin de là
Rêves épars
Des photos pâles endormies
Arrive une fillette à la vue curieuse
Et ses petites mains
se couvrent de poussière
Pour saisir une image
Un regard de grand-mère
Elle repense au roman d'hier soir
rêveuse
Souffle sur les cartons
chasse les araignées
Se raconte un roman
fait de fleurs oubliées
Assise
Au beau milieu de ce fouillis de vies.
Elle aperçoit la boîte
Entend la monodie
son coeur bat la cadence
Roulement de tambour
dans ce presque silence
Du couvercle soudain
s'échappe un air glacé
Soupir de quelque aïeul
Une âme délivrée
Entrouvre son linceul
S'échappe vers les anges
CheminPuisque la vie est labyrinthe
Puisqu'on se cogne à tous les cris
Puisque ces cris ne sont que plinthe
Au bas des murs qui sont écritsPuisque nous nous cognons aux rêves
Puisque nos cheveux sont usés
Puisque l'amour est note brève
De nos espoirs désabusésPourrai-je couler dans le bief
Entre les écluses , la mire
Pour enfin rejoindre ton fiefPuisqu'il ne reste que le rire
A nos desirs de spasmes brefs
Puisque d'aimer est un délire
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